Après la révélation par la presse, vendredi, d'une enquête sur des fichiers ethniques à la mairie d'Asnières (92), le PS affirme que les habitants ont reçu des tracts électoraux ciblés.
De "nombreux" habitants d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), ville faisant l'objet d'une enquête sur l'utilisation supposée de listes électorales triées par origine ethnique, ont reçu des tracts ou communiqués de la mairie rédigés en fonction de leur origine, âge ou sexe, affirme lundi 21 mai le Parti socialiste local.
Une enquête préliminaire avait été confiée en 2006 par le parquet de Nanterre à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) concernant de supposées listes électorales triées par origine ethnique par la ville d'Asnières, selon des sources proches du dossier.
Tracts ciblés
"Malheureusement cette affaire est révélatrice de la politique communautariste du député-maire (UMP) d'Asnières" Manuel Aeschlimann, proche de Nicolas Sarkozy, a affirmé à l'AFP Sébastien Pietrasanta, président du groupe PS d'Asnières qui, "depuis plusieurs années", dénonce "l'utilisation des fichiers électoraux pour organiser un tri sélectif des Asniérois en fonction de leurs origines".
"Ainsi, de nombreux Asniérois peuvent témoigner avoir reçu des tracts électoraux ou des communiqués de la mairie en fonction de leurs origines, de leurs âges ou de leurs sexes. (...) Par exemple, des Asniérois d'origine d'Afrique du Nord ont reçu par le passé un tract électoral insinuant que 'Le Maghreb est avec Manuel Aeschlimann'", affirme l'élu socialiste, qui dénonce "avec vigueur cette politique communautariste".
Listes de 40.000 noms
"La République doit faire son retour à Asnières gangrenée par les affaires et le communautarisme", conclut Sébastien Pietrasanta.
Les enquêteurs n'ont pas encore déterminé quelle aurait été l'utilité de ces supposés fichiers ethniques, selon une source proche du dossier.
Selon un document dont l'AFP s'est procuré une copie, les listes remises à la police comportent près de 40.000 noms. L'une de ces listes intitulée "Maghreb" recense les habitants originaires des pays du Maghreb, une autre "sans Maghreb", les habitants nés en France ou à l'étranger, hors Maghreb.
"Dénonciations calomnieuses"
Les deux listes présentent plusieurs colonnes: bureau de vote, nom, prénom, adresse, date de naissance, pays de naissance, commune de naissance.
Contacté vendredi par l'AFP, le maire Manuel Aeschlimann avait assuré "ne pas connaître l'existence de ces fichiers". "Tous nos fichiers ont été déclarés à la Commission nationale de l'informatique et des libertés" (CNIL), avait-il ajouté, rappelant être "l'objet d'un certain nombre de dénonciations calomnieuses de membres de l'opposition municipale".
La création de fichiers électroniques est soumise à l'autorisation de la CNIL mais peut tomber sous le coup de la loi en cas de discrimination. (AFP)
source:nouvelobs.com