Pour la troisième édition de la Journée de solidarité avec les personnes âgées et handicapées, la France sera divisée lundi entre ceux qui profitent d'un week-end prolongé et les autres qui travaillent.
La troisième édition de la Journée de solidarité avec les personnes âgées et handicapées devrait à nouveau couper la France en deux lors du lundi de Pentecôte, partagé entre ceux qui profitent d'un week-end prolongé et les autres qui travaillent.
Selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui gère les fonds recueillis à l'occasion de la journée de solidarité, deux milliards d'euros sont collectés chaque année, dont 60% destinés aux personnes âgées et 40% aux personnes handicapées.
"Au-delà du caractère stigmatisant de cette mesure et de son côté 'charité publique', tous les acteurs s'accordent sur son insuffisance à répondre véritablement à l'ensemble des besoins de financement en la matière, même si elle a permis de dégager des moyens nouveaux", estime tout de même la FNATH, association des "accidentés de la vie", qui réclame la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale pour financer la perte d'autonomie.
Contribuer autrement
Après la pagaille de la première édition de cette journée, lors du lundi de Pentecôte 2005, marqué par de multiples appels à la grève lancés par les syndicats, le système a été assoupli. La Journée de solidarité est désormais fixée par accord collectif ou, à défaut, le lundi de Pentecôte.
Il est ainsi possible de contribuer au dispositif un autre jour, par exemple en faisant sauter une journée de réduction du temps de travail (RTT) ou de répartir les sept heures de travail sur l'année ou en deux demi-journées. Résultat: chacun fait un peu comme il veut en fonction des accords d'entreprises ou des branches, ce qui n'a pas franchement simplifié la situation et promet à nouveau une belle cacophonie.
Les parents qui travailleront lundi devront ainsi trouver une solution pour faire garder leurs enfants. En effet, la Fonction publique ne donnant pas l'exemple, l'ensemble des établissements scolaires seront fermés, à charge pour les enseignants de récupérer cette Journée de solidarité sur un jour de congés ou sur deux demi-journées.
La question des transports
Côté transports, à la RATP, le lundi de Pentecôte sera travaillé, avec un service assuré "comme n'importe quel jour de la semaine", explique-t-on à la direction de la régie. A la SNCF, le trafic sera assuré comme celui d'un samedi. A charge pour chacun, parmi les cheminots, de s'acquitter de cette Journée de solidarité "un autre jour dans l'année, en fonction des besoins locaux", selon la direction.
Dans le privé, les entreprises qui travailleront devront patienter pour faire effectuer leurs livraisons à travers la France, puisque l'interdiction de circuler les jours fériés pour les poids lourds de 7,5 tonnes sera maintenue, contrairement à la première édition en 2005.
La CFTC appelle "à la résistance civique"
Au milieu de cette confusion, les syndicats ont redonné de la voix. La CFTC appelle dans un communiqué "à la résistance civique" et dépose un préavis de grève nationale, tous secteurs confondus, pour "couvrir les salariés". L'organisation syndicale explique poursuivre "son combat en faveur d'une autre manière d'envisager la solidarité qu'en imposant une journée non rémunérée aux salariés".
"Alors que ce gouvernement n'a plus qu'un slogan à la bouche 'travailler plus pour gagner plus', il n'hésite pas à reprendre à son compte un dispositif qui revient, pour tous les salariés, à 'travailler plus pour ne rien gagner'", dénonce pour sa part la CGT qui, comme chaque année depuis 2005 "demande l'abandon pur et simple d'un tel dispositif injuste et inefficace".
Xavier Bertrand a promis "une évaluation"
"Malgré l'élection d'un nouveau président de la République, les travailleurs n'ont pas obtenu la grâce présidentielle pour le lundi de Pentecôte", ironise de son côté FO, estimant qu'il s'agit de "travailler plus pour gagner moins". Et de "dénoncer cet allongement du travail qui, sous prétexte de solidarité à la prise en charge de la dépendance et du handicap, est très injuste et ne repose que sur les salariés".
De son côté, le ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité Xavier Bertrand a promis mardi dans Le Parisien-Aujourd'hui en France "une évaluation pour faire le point sur les modalités d'application et voir ce qui peut être amélioré". "Les choses s'améliorent d'année en année", assure-t-il. "Mais en aucun cas le principe ne sera remis en cause". (AP)
source:nouvelobs.com