Il a été libéré dans la nuit de mardi à mercredi après avoir passé 113 jours en captivité."Que Dieu soit loué, je suis heureux. C'était une expérience épouvantable", a-t-il déclaré.
Libéré tôt mercredi 4 juillet au matin, après 113 jours de captivité, Alan Johnston, le journaliste de la BBC enlevé le 12 mars à Gaza, a quitté le territoire palestinien en direction de Jérusalem dans un convoi diplomatique britannique.
Peu avant son départ, le reporter britannique, pâle et visiblement fragile, a donné une conférence de presse au côté de l'ancien Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh.
Le journaliste britannique a été relâché et remis par ses ravisseurs islamistes à des responsables du Hamas à Gaza, dans la nuit de mardi à mercredi. "Que Dieu soit loué, je suis heureux. Cela a été une période difficile. Je remercie le peuple palestinien. Merci beaucoup, merci beaucoup", a-t-il déclaré à sa libération, à des journalistes des télévisions arabes.
Agé de 45 ans, Johnston, seul correspondant occidental travaillant à plein temps dans la bande de Gaza, avait été porté disparu le 12 mars, son véhicule étant alors retrouvé abandonné. Ses ravisseurs avaient dit ensuite appartenir à l'Armée de l'Islam, organisation s'inspirant d'Al Qaïda et liée à l'un des puissants clans de Gaza.
Johnston, , pâle et visiblement fragile, a été salué par ses collègues de la BBC après son arrivée en voiture à la résidence du dirigeant du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh.
La BBC s'est déclarée "extrêmement soulagée" par l'issue heureuse à ces 114 jours de captivité.
Comme "enterré vivant"
En direct à la BBC-télévision, Johnston a déclaré à Gaza qu'il n'en revenait pas d'être libre et qu'il avait souvent eu très peur durant ses quatre mois de captivité. "Etre libre est tout bonnement la chose la plus formidable".
"J'ai rêvé maintes fois que j'étais libre et je me réveillais toujours dans cette pièce(...). Je n'en reviens pas d'être libre", a-t-il dit. Il a ajouté avoir suivi les événements à la radio durant la majeure partie de sa captivité et a remercié tous ceux qui, dans le monde entier, tout comme ses collègues de la BBC, l'avaient soutenu et avaient mené des efforts pour obtenir sa libération.
"Les 16 dernières semaines ont été les pires de ma vie. C'était comme être enterré vivant", a-t-il dit, parlant d'"une expérience abominable."
Il a dit avoir été enfermé dans une pièce de 2m sur 2m50 et avoir été dans l'ensemble bien traité mais menacé de mort à certains moments. Ses geôliers l'ont battu durant la demi-heure qui a précédé sa libération.
Selon Abou Moudjahed, des Comités de résistance populaire, aucune rançon n'a été versée pour la libération de Johnston, qui doit sa libération à une fatwa (édit religieux) promulguée par Souleïman al Daya, l'une des plus hautes autorités religieuses de la bande de Gaza.
Un haut responsable du Hamas, Mahmoud al Zahar, a assuré lui aussi que les ravisseurs avaient relâché Johnston sans condition.
"Efforts du Hamas"
Johnston, qui dit avoir pu parler brièvement à sa famille en Ecosse, pourrait être pris en charge désormais par des diplomates britanniques qui le conduiraient en Grande-Bretagne via Israël. Des journalistes de Reuters ont d'ailleurs vu des voitures diplomatiques britanniques et de la BBC entrer à Gaza en provenance d'Israël.
Le chef du bureau politique du Hamas Khaled Méchaal, qui vit en exil en Syrie, a déclaré à Reuters par téléphone qu'il saluait la libération de Johnston, laquelle, selon lui, montre que le Hamas a réussi à rétablir l'ordre dans la bande de Gaza.
"Nous avons été en mesure de clore ce chapitre, qui a porté grandement atteinte à l'image de notre peuple. Les efforts du Hamas ont conduit à la libération d'Alan Johnston", a dit Méchaal. Faisant allusion au Fatah du président Mahmoud Abbas, rival du Hamas, il a dit: "Cela montre la différence entre la période où un mouvement encourageait l'anarchie et le chaos et la situation actuelle où le Hamas cherche à stabiliser la sécurité."
Ceinture d'explosifs
L'Armée de l'Islam avait diffusé sur internet des vidéos montrant Johnston et exigeant la libération d'islamistes retenus prisonniers par la Grande-Bretagne et d'autres Etats.
Plus récemment, alors que des responsables du Hamas menaçaient de le faire libérer par la force, Johnston avait été montré avec une ceinture d'explosifs autour de la taille, et ses ravisseurs avaient averti que leur otage mourrait si l'assaut était donné contre leur repaire.
Comme la majeure partie des puissances occidentales, la Grande-Bretagne boude le Hamas en raison de refus de renoncer à la violence contre l'Etat juif, et ne reconnaît pas le gouvernement Haniyeh dans la bande de Gaza.
Malgré cela, des diplomates britanniques en poste à Jérusalem avaient rencontré Haniyeh à Gaza et évoqué avec lui, ces dernières semaines, le sort du journaliste de la BBC.
Le Hamas, soucieux de montrer qu'il est en mesure de faire régner l'ordre dans la bande de Gaza après de nombreux mois de luttes interpalestiniennes, avait accru la pression sur les preneurs d'otages et encerclé leur repaire mardi soir.
L'Armée de l'islam et le Hamas ont échangé des prisonniers ces derniers jours lors de négociations visant à obtenir que Johnston soit relâché. (avec Reuters)
source:nouvelobs.com