Tout était normal au bain maure «Arraha», situé au quartier Mimouza, Aïn Sebaâ, à Casablanca, ce jour du mois d’avril. Tout d’un coup, un homme est sorti énervé de l'intérieur pour s'adresser à Youssef qui se charge des effets vestimentaires des clients : «L’eau est froide, vous économisez le feu ou quoi ?». Le client a récupéré ses effets vestimentaires et s’est habillé pour partir ensuite. La même remarque a été faite, quelques secondes plus tard, par un deuxième, puis un troisième et un énième client. Ils sont tous sortis du bain maure. Rapidement, Youssef s’est rendu au «Fernatchi» (lieu où l’on chauffe l’eau) pour aviser Mohamed qui s’en charge. Il l’a appelé sans y rentrer. Pas de réponse.
Youssef est allé voir s’il est en compagnie de Hassan qui se charge des douches au premier étage. Il n’y a personne. Ni Mohamed ni Hassan. Youssef a téléphoné à son patron pour l’informer. Son fils, Jamal, est arrivé. Il a poussé la porte du «Fernatchi» et est descendu pour voir si Mohamed s'est encore endormi. Pas plus de deux pas en avant, Jamal s’est planté à sa place. Qu’est-ce qu’il a vu ? Hassan est corps sans âme. Il n’a alerté son père qu’une fois au commissariat de police de Derb Moulay Chrif, en compagnie de Youssef. Ce dernier a affirmé aux policiers qu’il ne savait pas ce qui s’est passé. «Je suis rentré au hammam vers 6 h 30 mais je n'ai rien remarqué», a-t-il précisé.
Le cadavre de Hassan a été évacué vers l’hôpital médico-légal pour être soumis à une autopsie. Et au moment où les enquêteurs de la PJ ont entamé les investigations, un jeune homme s’est présenté de son plein gré au commissariat de police pour révéler : «C’est moi qui l’ai tué». Qui est-il ? Pourquoi a-t-il tué Hassan ?
Il s’agit de Mohamed, qui est chargé du «Fernatchi». Issu d’une famille pauvre de la région de Foum Zguid, province de Tata, Mohamed, âgé de trente-six ans, célibataire a quitté l’école au troisième niveau du primaire. Il a travaillé dans un petit restaurant de Tata jusqu’à son quatorzième printemps. Depuis, il a quitté le foyer paternel pour venir s’installer à Casablanca. De la fabrication des produits en cuir, il a travaillé dans les bains maures.
Au départ, il a travaillé durant une année dans un hammam de Sidi Othmane, puis quatre ans dans un deuxième à Hay Mohammadi avant d’être employé, en 1996 au hammam «Arraha». Mohamed ne se chargeait pas uniquement du «Fernatchi», mais il se chargeait également de temps à autre de la caisse, des effets vestimentaires des clients et de toutes autres de tâches au hammam. Et ceci contre 1500 dirhams par mois.
«Il y a quatre semaines, alors que je m'occupais des douches, les clients ne me remettaient pas les tickets…Lorsque je leur en demandais, ils me répondaient avoir payé le caissier, Hassan, sans recevoir de ticket», a expliqué Mohamed aux enquêteurs de police. Ce qui explique que Hassan empochait les revenus. Mohamed lui a demandé sa part du gâteau.
Mohamed a avisé le patron qui a décidé de fermer les douches. Une fermeture qui n’a pas plu à Hassan, toxicomane, père de famille qui ne touchait que 300 DH par semaine. Gardant une rancune contre Mohamed, Hassan a décidé de se venger.
La nuit du mercredi 16 avril, vers 1 h du matin, Mohamed était en plein sommeil quand Hassan lui a asséné des coups avec une barre en fer.
Mohamed est arrivé à se défendre en lui arrachant la barre en fer et lui a asséné trois coups mortels. Mohamed s’est lavé, puis s’est rendu au commissariat de police. Il avait l’intention de se plaindre, mais quand il a appris que son protagoniste est passé de vie à trépas, il a avoué être le meurtrier.
Le 1-6-2007
Par : Abderrafii ALOUMLIKI